Née le 4 août 1926, à Aulaines, près de Bonnétable, dune mère institutrice et dun père cuisinier, ancien gendarme, devenu secrétaire de mairie, Annie Roulette, très jeune, se passionne, dun attachement charnel, pour son terroir sarthois, et pour la littérature, quelle approfondit, avec son professeur de français du lycée de jeunes filles du Mans, Mme Maine Vannetzel, fréquentant aussi la Société littéraire du Maine. Encore lycéenne, elle publie, à compte dauteur, un recueil de poèmes. En 1946, elle suit, en Allemagne, un prisonnier de guerre allemand rencontré à Bonnétable, dont elle est amoureuse, et enseignera deux ans à Spire, en Rhénanie-Palatinat.

Catherine Paysan en 2018 (photo Wikimedia)
Revenue en France -lescapade étant terminée-, elle enseigne le français en banlieue parisienne (La Courneuve), et se lie avec un groupe dartistes montmartrois, dont Marcel Mouloudji. Publié en 1961, chez Denoël, sous son nom de plume de « Catherine Paysan », son premier roman, Nous autres les Sanchez, -lhistoire dune famille- connaîtra le succès, obtenant le prix du roman de la Société des gens de lettres, et citée pour le
Fémina. Dès lors, elle publiera des romans à succès :
Histoire dune salamandre (1963) ;
Je mappelle Jéricho (1964) ;
Les feux de la Chandeleur (1966) ;
Le nègre de Sables (1968) ;
LEmpire du taureau (1974) ;
Le clown de la rue Montorgueil (1978). Tous recevront des prix littéraires, et plusieurs dentre eux seront adaptés à lécran (cinéma et télévision). Mariée, en juillet 1969, avec Emil Haüsen, un réfugié juif hongrois, Catherine Paysan cesse denseigner, en 1974, pour se consacrer à son uvre. Ses romans suivants seront autobiographiques, et centrés sur le terroir sarthois :
Pour le plaisir (1976);
La colline den face (1987) ;
Le passage du S.S. (1997) ;
Lamour, là-bas, en Allemagne (2006) ;
Lenterrement dun Juif hongrois (2017), en hommage à son mari, après son décès.
Auteur éclectique -elle avait aussi, de sa plume sûre et alerte, publié des nouvelles, des poèmes, des chansons, des pièces de théâtre-, membre de divers groupements littéraires, dont lAcadémie du Maine, Catherine Paysan était titulaire de plusieurs distinctions, dont celle dofficier de la Légion dhonneur. Les 7 et 8 octobre 2010, un colloque organisé à Vivoin, sur son uvre, avait réuni une nombreuse assistance, dont le Premier Ministre, François Fillon, et le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, qui avait salué, en Catherine Paysan, « lintrépide maîtresse du verbe ».
Dans les dernières années, Catherine Paysan était revenue se fixer dans la Sarthe, achetant, sous légide de lAssociation des amis de Catherine Paysan, lancienne école, désaffectée, dAulaines (commune, rattachée, depuis 1965, à Bonnétable), et en en faisant un musée. LAssociation organisait, chaque été, des visites, les touristes étant amenés par le petit train de la Transvap celui que la « dame dAulaines », au visage plein et à labondante chevelure rousse, devenue « voyageuse immobile », empruntait autrefois, avant dêtre reçus, par elle, dans son ancienne école.
La Vie Mancelle & Sarthoise avait publié des nouvelles de Catherine Paysan, et rendait compte, régulièrement, de ses publications et de ses initiatives. La « dame dAulaines » aura eu le mérite de faire partager, aux Français épris de littérature, sa passion pour son terroir sarthois, et pour son bourg dAulaines.
Didier Béoutis