La rue des Filles-Dieu s’arrêtait au niveau de la rue des Falotiers. On ne pouvait, en l’empruntant, gagner la place de l’Éperon, que par les rues des Fossés-Saint-Pierre puis des Boucheries. Ce n’est qu’aux alentours de 1985, que l’avenue de Rostov-sur-le-Don fut percée, bien plus large. Cela nécessita la démolition de la salle des Concerts, puis de nombreuses maisons dans le prolongement des Filles-Dieu et enfin du magasin Ferey, qui bordait la place de l’Éperon.

L’École de dessin

Elle occupa la partie supérieure de l’ex-église collégiale Saint-Pierre la Cour dans la première moitié du XIX^e siècle puis y revint près d’un siècle plus tard. Elle y prit bientôt le nom d’École municipale d’Arts appliqués Albert Maignan. En 1944, elle s’appela alors École supérieure des Beaux-Arts. Au cours de 1991, cet enseignement déménagea pour intégrer un bâtiment neuf avenue de Rostov-sur-le-Don. La place libérée se trouva bientôt occupée par les services municipaux de l’état civil du Mans.

MM. Hucher et Triger installèrent le musée archéologique dans la crypte de l’église à partir de 1903.

Blanche Vidal-Guénet, artiste sarthoise, y enseigna le dessin de 1937 à 1960, pour des couturières et des jeunes filles en CAP de coiffure.

Sources :
Mais qui donc était Blanche Vidal-Guénet ? La Vie Mancelle & Sarthoise (VMS) n° 436, août 2014
Les Beaux-Arts du Mans VMS n° 471 décembre 2021

La rue des Ponts-Neufs se prolongeait au début du XX^e siècle jusqu’à la place Saint-Pierre. Elle se nommait rue des Petits-Ponts-Neufs. Cependant ses bâtisses, qui abritaient souvent de minuscules commerces, bordaient l’escalier des Ponts-Neufs. Bien des confusions demeurèrent entre « escalier, rue des ponts et rue des petits ponts »…

L’escalier des Ponts-Neufs

L’escalier des Ponts-Neufs. La place Saint-Pierre au loin…

L’escalier des Ponts-Neufs, qui relie la place à l’avenue de Rostov-sur-le-Don, sépare au XXI^e siècle deux jardins fleuris honorant chacun un écrivain de la Renaissance. Deux plaques mentionnent d’une part :

Pierre de Ronsard
1524-1585
Poète et chanoine de la cathédrale
et d’autre part :
Jacques Peletier du Mans
1517-1582
Humaniste

Vers 1930. L’escalier des Ponts-Neufs avec des bâtisses le bordant

Rue Saint-Flaceau

Elle doit son nom à une chapelle dédiée à saint Flaceau, construction dont des vestiges existaient encore voici un siècle. Cette voie était désignée déjà ainsi en 1535. De 1793 à 1880, elle porta le nom de rue Jean-Jacques-Rousseau.
La maison dite de Jacques Tahureau est installée à l’angle des rues Saint-Flaceau et Saint-Honoré. Sur sa façade face à la place, une plaque gravée mentionne :
En cette maison naquit le poète Jacques Tahureau en 1527…
Tahureau édita en 1554 Les Sonnets, Odes et Mignardises amoureuses de l’Admirée. Ses Dialogues, publiés en 1665, bien après son décès, étaient une œuvre originale où il critiquait les « folies » humaines dont les religions… Il décéda vers 1555.

Plaque sur l’ex-maison de Jacques Tahureau

La rue Saint-Honoré

Un écrit de 1671 mentionnait ce nom. Elle devint la rue Marat au cours de la période révolutionnaire.
Pendant plusieurs décennies, Samuel Chauveau y tint le célèbre commerce « Bulle » très spécialisé dans le domaine de la Bande Dessinée sous toutes ses formes. Il poursuit de nos jours cette activité rue de la Barillerie.

Entrée de la Cour d'Assé, vue de la rue Saint-Honoré. © photo Pascal Lebrun

L’hôtel de ville

L’incendie d’août 1720, provoqué par des prisonniers, détruisit une bonne partie du présidial (tribunal de l’époque). Le nouveau bâtiment abritant cette institution a été érigé en 1760-1764 sur les ruines de l’ancien palais des comtes du Maine. Celui-ci abrite aujourd’hui une partie de l’Hôtel de ville.

Au début du XX^e siècle, ses services vont occuper aussi un bâtiment neuf qui va supplanter une vieille bâtisse abritant une crémerie.

L’Hôtel de ville alors protégé par une grille. Une crémerie le côtoie encore. Vers 1910

L’Hôtel de ville et ses locaux neufs, mai 2023. Photo G. Pasquier

La rue de la Comédie porta auparavant le nom de rue d’Engoulfert, d’après Victor Boitard. Une société d’actionnaires, créée en 1775 afin de réaliser une salle de spectacles, est inaugurée en mai 1776. Des divertissements de styles bien différents y sont donnés aussi elle devint la « salle des Concerts ». Au cours de la deuxième moitié du XX^e siècle, la circulation automobile au Mans se compliquait sérieusement. Pour faciliter la liaison entre les quartiers du centre-ville il fallait élargir cette voie et la faire déboucher place de l’Éperon. Aussi la salle des Concerts fut abattue et l’avenue de Rostov-sur-le-Don fut percée au cours de 1978. Une nouvelle salle des Concerts s’ouvrit tout près de la nouvelle médiathèque.

La salle des Concerts à l’angle droit de la rue des Filles-Dieu et les arrières du palais des comtes du Maine

La rue de Hallai

La rue Hallé (1753), du Hallai ou Hallay (1812) permet de joindre la place du même nom et la rue de la Comédie.

La rue du Hallai honore un très célèbre Manceau, Jean Hallai ou Hallay, cirier du roi (Louis XIV), décédé en 1677, fabricant de bougies et qui tint une blanchisserie de cire. Il fut honoré par le roi Louis XIII lors de sa visite au Mans en 1614.

La rue de l’Écrevisse

Elle dépendait de la paroisse du Crucifix et se nommait aussi rue du Pilier-Vert. Peu après l’entrée dans cette voie s’élève l’hôtel du Louvre qui possède aussi un autre accès, sur la cour des Monnaies. Cet hôtel particulier avait été érigé par Jehan de Vignolles vers 1550-1560, lieutenant de la sénéchaussée du Mans et un des chefs calvinistes en ce lieu. La sénéchaussée, alors tribunal analogue au baillage, permettait de rendre la justice, avec appel au présidial si besoin.
Au numéro 10, une maison dont la superbe façade vient d’être restaurée, arbore dans un cartouche (l’année) 1581. Cette bâtisse abrita jadis l’auberge des Trois-Pucelles ou du Pilier-Vert. François Fillette, en 1684, exploitait cette hôtellerie.

Elle prit le nom de place Saint-Pierre ou du Marché-Saint-Pierre, cité entre autres en 1603, et devint la place de la Liberté au cours de la période révolutionnaire.
Sur la poutre surmontant la porte d’entrée du commerce de la place, à l’angle de la rue Saint-Honoré, on peut lire difficilement de nos jours : Place de la Liberté.
Cela ne doit surprendre personne si elle fut dénommée à certains moments au XVIII^e siècle place du Marché-Saint-Pierre car l’un des cinq marchés du Mans s’y tenait. Les quatre autres occupaient la place du Gué-de-Maulny (aujourd’hui place du Hallai), celle de l’Éperon, la rue des Bas-Fossés et la butte Mont-Barbet.
La fontaine dite de Saint-Pierre trônait en son centre. Une statue de Louis XIV la domina jusqu’à Révolution où elle disparut.

Cette place constitue un carrefour entre plusieurs voies : rue de Hallai, escalier des Ponts-Neufs, rues Saint-Flaceau, Saint-Honoré puis de l’Écrevisse.

Vue de la place avec la fontaine. Archives du Mans. Cote 4 Fi Cum904

La statue de Louis XIV, place Saint-Pierre
À la demande des habitants du Mans, une statue du roi Louis XIV, haute de six pieds, est érigée en 1701. Une fois installée, elle repose sur un piédestal original puisqu’il s’agit d’une fontaine hexagonale en grès. Trônant dans la partie centrale de la place Saint-Pierre, chacun la nomme fontaine Saint-Pierre. La Révolution est fatale à l’œuvre d’art car elle disparaît en 1792.
Source :
Cordonnier-Détrie P. Heurs et malheur d’une statue de Louis XIV au Mans, Soc. Hist. Arch. Maine